Qu’est-ce que l’investissement social dans la petite enfance ?

L’investissement social répond à deux défis. Le premier est relatif aux économies en mutation avec des marchés du travail moins standards (plus de flexibilité, plus de parcours des individus non linéaires). Le second est l’évolution des normes familiales (plus de familles monoparentales et de familles recomposées). L’investissement social se veut une réponse aux nouveaux risques sociaux et repose sur trois principes : – l’économie du savoir demande un apprentissage constant : l’investissement dans le capital humain permet d’assurer une souplesse dans les rapports au marché du travail ; – l’investissement social est une perspective axée sur l’avenir. L’objectif de l’action publique est de promouvoir les conditions pour la réussite à l’âge adulte et, surtout, de casser le cycle intergénérationnel de la pauvreté et de l’exclusion sociale; – l’investissement social génère de la croissance inclusive par une démarche de prévention plutôt que de réparation. Ces défis et principes conduisent à promouvoir des politiques universelles plutôt que ciblées ainsi qu’à penser les interventions le plus en amont possible dans le parcours des individus, notamment dès la petite enfance. Ainsi, la perspective d’investissement social est centrée sur l’enfant afin de donner à celui-ci les atouts nécessaires pour sa réussite scolaire puis professionnelle. Au niveau de la politique de la petite enfance, il s’agit concrètement d’assurer une offre de services d’accueil du jeune enfant universels (garantissant un accès pour tous les enfants) et éducatifs, ainsi que des congés parentaux pas trop longs pour éviter l’effet désincitatif au travail des mères. L’expérience suédoise mérite une attention particulière. La Suède est souvent citée en exemple en matière d’investissement social dans la petite enfance. Cette préoccupation remonte à 1930 et à la crise démographique que le pays traversait alors. Depuis les années 1970, l’investissement social s’est centré sur l’accueil des enfants pour donner les mêmes chances à tous, indépendamment du milieu familial. C’est un droit de l’enfant qui peut être opposable, le système garantissant la prise en compte des droits des enfants dans tous les domaines de la politique gouvernementale et des affaires publiques qui ont des répercussions sur les enfants et les jeunes. La petite enfance est placée sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale. Il existe un programme éducatif pour les enfants âgés de 1 à 5 ans. Le taux de couverture des enfants âgés de 1 à 3 ans par l’accueil collectif est de 75,9%. Le coût pour les parents est au maximum de 3% de leur revenu pour un enfant, 2% pour deux enfants et 1% pour trois enfants; il est plafonné à 138 euros par mois pour le premier enfant, 92 euros pour le deuxième et 46 euros pour le troisième. L’accueil est réalisé dans des groupes de 16,7 enfants en moyenne avec un taux d’encadrement de 1 adulte pour 5,2 enfants. Pour l’État, le coût par enfant inscrit est de 14400 euros, soit 1,6% du PIB en 2011. Une des caractéristiques du système suédois pose question : dès son plus jeune âge, l’enfant est soumis à des évaluations et des contraintes de performance. Les comparaisons avec la situation française, en termes de taux de couverture, coût pour les familles et coût pour les finances publiques, sont difficiles du fait de la césure institutionnelle qui existe en France entre les enfants de 0 à 3 ans (relevant du ministère des Affaires sociales et/ ou de la Famille) et ceux de 3 à 6 ans (relevant du ministère de l’Éducation nationale).